Thứ Hai, 27 tháng 1, 2014

Vietnam: Notes de voyage... à ma nièce


UN APRÈS-MIDI CHAUD ET HUMIDE au plein cœur de Sài Gòn

Il est maintenant 03:00 heures l'après-midi; il y avait une grosse pluie qui durait environ une heure et pourtant il fait toujours assez chaud. Je dormais durant à peine 15 minutes, assez profondément à cause du manque de sommeil. Soudainement je me suis réveillé par des bruits assez forts venus de toutes parts... je croyais que quelqu'un frappait à la porte. Je suis incapable de me rendormir; alors je décide de me mettre à écrire

La cathédrale Notre-Dame de Saigon (nhà thờ Đức Bà) un après-midi de pluie
Il recommence à pleuvoir dehors, à grosses gouttes. J'écoute attentivement le bruit de la pluie qui tombe sur le toit et je la vois ruisseler à travers la vitre sur les tuiles rouges de la terrasse. C'est à la fois très apaisant et romantique tu sais et je me dis en ce moment précis: si seulement je pouvais t'avoir à mes côtés… Je commence à détester ce monde immense qui nous sépare, car il ne me laisse qu'un grand vide dans l'âme. Je suis perdu et j'ai vraiment hâte de te retrouver dans notre élément familier et chaleureux. Dans quelques heures on va se parler et j'attendrai ce moment avec impatience. Alors, continue à bien dormir;  je veux aller jusqu'au fond de ton âme pour savoir à quoi tu rêves, à connaitre davantage tes pensées et tes tourments…
Ton bác Sơn qui t'aime


DESTINATION SA-DÉC … une chance qu’on parle Vietnamien

Nièce bien-aimée,
La veille je me suis déjà bien informé à deux reprises: il faut prendre le bus 39 qui stationne à côté du 93 à un endroit bien précis. C'était chouette 39 versus 93; génial comme truc; pas besoin de note écrite. Je quitte l'hôtel à 06 :15, arrivé au terminal, par prudence, je demande une autre fois si c'est bien le 39 qui devrait m'amener au point de rencontre avec les amis, un monsieur en uniforme me dit d'un ton rassurant «non il faut plutôt prendre le #2 qui va directement au bùng-binh Phú-Lâm, c'est plus vite; le 39 fait un trop long trajet et ce n'est assurément pas avantageux. Je suis tout content et le remercie chaleureusement. Bien assis dans le bus après avoir acheté le billet, je dis au chauffeur de me faire signe une fois arrivé à destination. À ma grande surprise et déception, il fait «non, on ne va pas là; il faut prendre plutôt le #14». Débarqué de force en pleine rue, j'attends et prends finalement le bon #14 non sans payer un autre ticket, franchement... mes petits ennuis ne se terminent pas pour autant, mais je ne m'y attarde pas davantage à te les raconter...

L'ancienne résidence de Huynh Thuy Lê, le personnage
principal du roman L'Amant de Marguerite Duras, à Sa Đéc
Nous sommes cinq, y compris le conducteur, à prendre l'autocar privé et arrivons finalement à Sa Đéc. L’hôte (chủ nhà) est déjà debout sur le trottoir à guetter notre arrivée; il s'agite gaiement comme un écolier en vacances. C'est super agréable de se retrouver entre vieux compagnons d'armes; nous avons passé des moments de joie et de misères ensemble… Que de souvenirs à se rappeler. Il y a vraiment beaucoup de nourritures sur la table: poulet cuit à la vapeur, rats des champs grillés, anguilles marinées dans du lait de coco, ragoût de porc aux champignons, poisson cá lóc grillé à la braise, jambon, nem chua, entre autres... On trinque, on mange, on boit en criant fort «Dzô, Dzô…» et se taquine... Le temps de se quitter est arrivé et c'est avec grande émotion qu'on se dit au revoir.


SUR LE CHEMIN DE RETOUR d’un court voyage au pays Chùa Tháp (PHNOM PENH)

Je me suis bien installé dans le bus après avoir pris un repas copieux: Riz frit sauté au poulet avec une bonne bière locale bien froide, le tout couronné de savoureux morceaux de durian pour vraiment pas cher, à peine 6 dollars, pourboires inclus. Je me suis bien brossé les dents pendant que mon compagnon de voyage criait à tue-tête: «Sơn dépêche-toi, le chauffeur attend après toi pour partir». Impassiblement, comme si rien ne pouvait m’énerver, je regardais l’heure et disais: «Il est seulement 13:25 heures, je crois bien que le départ est fixé à 13:30 heures, non!». Enfin le bus est parti et tout le monde est content, soulagé.

On est maintenant en banlieue; je respire mieux l'air pur de la campagne rafraichi au climatiseur de l'autocar. Tout le long de la route et à perte de vue, je vois défiler de vastes champs de riz d'un vert d'émeraude qui berce notre âme et qui nous rassure que le peuple aura de quoi se nourrir pour bien longtemps. D'innombrables arbres fruitiers viennent s'ajouter à ce paysage splendide: manguiers, arbres de longane, jacquiers, cocotiers, orangers, tamariniers, thốt nốt, modestes trứng cá de mes tendres années... et bien d'autres verdures. Derrière ce merveilleux paysage, coule doucement le Hậu Giang (Arrière du Mékong) qui apporte des ressources inépuisables aux Cambodgiens. Eh oui, il ne faut pas non plus oublier de te parler de ces troupeaux de bétails qui ruminent langoureusement à l'ombre des figuiers centenaires... Ma chérie, je ne suis qu'un simple profane qui ne prie ni Jésus ni Bouddha, mais je ne peux m'empêcher à croire au Grand Créateur en me disant: «L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer  que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger - Voltaire». Tiens, nous traversons maintenant le fleuve à bord d'un ferry (phà). Les marchands de tous les produits locaux bourdonnent autour de nous et proposent: grillons, araignées, scorpions, oisillons, petites anguilles, mangues, goyaves, mãng cầu, cannes à sucre,… Tous ont l'air appétissant, mais je ne crois pas que tu sois tout à fait convaincue. Après tout c'est trop difficile de dire non à ces marchandes aux yeux suppliants... Vois-tu chérie que ton vieil oncle commence déjà à rêvasser devant toutes ces beautés que nous offre la Nature. Je rêve aussi de t'avoir à mes côtés pour qu'on puisse admirer et partager nos idées de toutes ces merveilles qui nous font vibrer et renaître aux sons et rythmes tropicaux.


Le marché flottant Cái Răng sur le Hậu Giang près de Cần Thơ
Pour faire comme si tu es tout auprès de moi, je relis avec attendrissement tes courriels et je bois chaque mot que tu m'envoies, quoi que tu dises, quoi que tu écrives. Quel bonheur qu'on vit à l'heure présente!

Il est maintenant 06 :00 le matin chez-toi. Dans quelques heures ce sera notre Happy Hours et j'ai bien hâte de pouvoir de nouveau te parler, palpitant comme un jeune qui attend le premier rendez-vous avec son amoureuse. Je sais que tu dors encore comme un bébé, comme mon bébé enfin; alors je te dis tout doucement de peur de te réveiller: « Dors bien ma petite-nièce; tu as besoin de retrouver tes énergies... Encore une autre longue et dure journée qui t'attend, ma dévouée et courageuse chérie. À très bientôt, je t'aime, à toi mes gros bisous les plus affectueux...
Ton ba'c So*n qui t'adore


22-11-2013: Destination VĨNH LONG...

Sur un canal borné de palmiers nypa qui se donne dans le Hậu Giang
Il est 10:15; mon compagnon de voyage de fortune, son beau-frère et sa copine et moi-même sommes embarqués dans un gros bus et voilà de nouveau nous nous sommes dirigés vers le Miền Tây bien-aimé, prospère et paisible. Le paysage est toujours beau et fascinant, tout au moins pour l’inconditionnel de la nature comme moi, mais il faut avouer qu’il manque un peu de grandiose pittoresque si on tient à l’aspect «à couper le souffle». Honnêtement il faut admettre que le spectacle offert par la mère nature est un peu monotone, toujours des champs de riz à perte de vue d’un vert qui ondule et berce notre âme paisiblement, des vergers d’un mélange harmonieux d’innombrables arbres fruitiers: cocotiers, manguiers, jacquiers, orangers, cannes à sucre, bananiers et combien d’autres intraduisibles: cây phượng, cây cau, cây bàng, vú sữa, trứng cá qui poussent tellement serrés qu’on dirait qu’ils flirtent, se caressent et s’entrelacent d’une infinie tendresse à la fois nonchalante et mélodieuse. De temps à autre je peux apercevoir derrière cette rangée de verdure luxuriante de vastes étendues d’eau douce qui nourrissent les humains de leurs ressources inépuisables: poissons, crevettes, divers mollusques, crustacés et qui apportent la terre alluviale combien magique et indispensable pour assurer la survie des vergers.

C'est la première fois de ma vie que je suis invité à une «tiệc GIỖ» à la campagne. Ils sont tous là, venus de tous les coins du village, presque une centaine de personnes de tous les âges, tous souriants et accueillants. Les femmes s'affairent à préparer des plats traditionnels bien frais et savoureux tandis que les hommes dans leurs trente-et-un les plus élégants trinquent en s'échangeant des courtoisies. J'ai bien aimé le rượu đế maison mélangé avec le fruit "nhào" qu'on dit bon pour guérir des maux de dos. Bref, de beaux souvenirs  qui ne s'estompent pas de sitôt de ma mémoire!


ĐÀ LẠT: UN RETOUR À LA SOURCE

Le lac Xuân Hương avec la tour du Lycée Yersin en arrière-plan
Ma femme, sa famille et moi revenons à Đà Lạt pour la première fois depuis presque un demi-siècle. Nous passons deux nuits à l'hôtel Palace car ma femme rêvait d'y loger depuis sa tendre jeunesse. Elle et ses sœurs ont bien aimé l'expérience: l'accueil du personnel de l'hôtel dont le confort et l'élégance semblent venir d'une autre époque et les nourritures sont excellentes, sans parler d'une vue superbe donnant directement sur le lac Xuân Hương, toujours charmant et romantique. Nous avons visité tous les coins qui nous ont vu grandir: école Bùi thị Xuân, le lycée Yersin, notre ancienne maison et beaucoup autres endroits empreints des souvenirs indélébiles. Que de nostalgie mélangée de joies et de tristesse. Ma femme et sa délégation quittent Đà Lạt pour Đà Nẵng après un court séjour de deux jours. Après les au-revoir, je fais mes bagages pour aller m'installer chez un ami de longue date retrouvé il y a trois ans.

Đà Lạt - Place du marché Hòa Bình - 11/2013
Je viens de passer une journée assez tranquille mais combien paisible chez mon grand ami Phan Thanh Nhàn. C’est un homme tout simplement idéaliste, imperturbable et génial, pas conventionnel mais d’une intelligence et d’une simplicité hors du commun. Je l’admire depuis notre tendre enfance et je suis à la fois très ému et heureux de pouvoir le retrouver après 50 ans d’éloignement. L’adolescent sympathique et surdoué que j’ai connu, a l’air aujourd’hui d’un jeune vieillard qui conserve encore ses capacités intellectuelles mais semble très diminué physiquement. Je suis un peu surpris de le voir manger trop vite; on dirait qu’il avale sans mâcher les aliments. Quand sa femme m’explique qu’il a perdu toutes ses dents après tant d’années de misère: durs labeurs, l’armée, la guerre, camps de concentration, difficultés financières... Tout cela est chose du passé mais laisse des marques. L’homme reste toujours le même: affable, posé, idéaliste, généreux et ne se plaint en aucun cas de rien. Ma nièce chérie, très franchement je n’ai plus de mots. Enfin, je vis un de ces moments inoubliables car rien ne me rassure que je vais pouvoir le revoir une autre fois dans 3 ou 4 ans. Lui aussi il en est conscient et on se serre l’un contre l’autre, fortement, sans dire un seul mot.

Je me regarde dans le miroir et je me trouve très chanceux en constatant que je suis encore beaucoup mieux conservé que mon ami à tous points de vue. On n'est pas meilleur; on a simplement plus de chance que bien d'autres.


À VŨNG TÀU: SOUS UN CIEL ÉTOILÉ, LE FABULEUX CONCERT NOCTURNE...

Crépuscule sur la plage de Long Hải - Vũng Tàu
Il est 20:00 heures, donc 08:00 le mardi matin chez toi, et maman me dit que tu es partie à l'école de bonne heure. Je suis un peu triste car je n’ai pas pu t’appeler pour honorer notre Happy Hours. Je me suis résigné en me disant que tu dois faire de bonnes choses là-bas. Je marche le long des sentiers pavés qui bordent la côte, en écoutant la mer et regardant danser ses vagues. C’est fabuleux ce paysage nocturne. La lune qui éclaire, même cachée en partie par les nuages, indistinctement le ciel. De loin on voit l’îlot avec ses arbres inondés par le clair de lune, lesquels donnent une illusion fantomatique. Du côté opposé, les peuples aquatiques: grenouilles, crapauds et les autres compagnons: lombrics, grillons, criquets, oiseaux nocturnes s’époumonent pour offrir aux humains un concert fabuleux, singulier et inimitable. Du pur plaisir indicible avec un brin de mélancolie. Je pense sans cesse à toi ma chérie et j’ai le cœur serré, si triste d’être loin de toi au milieu de ce décor enchanteur. J'aimerais tellement pouvoir partager et te parler de ces merveilles que tu connais si peu. L’air marin est chaud, moite mais infiniment agréable. Je respire bien et me sens purifié, décidé plus que jamais à revenir au bercail le plus tôt possible malgré le froid pour t’avoir auprès de moi et pour t’aimer davantage.

Vietnam: Notes de voyage... à ma nièce 
Nguyễn Hồng Sơn

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